*** LA LOUVE
La louve est un outil de métal, à vis ou à branches formant pinces, pour soulever les pierres.

1°) ETYMOLOGIE/HISTOIRE
Le mot lewis (anglais neutre) ou louve (français féminin) a sans doute une étymologie d’origine latine, mais d’une source différence.
Le mot anglais Lewis (aucun rapport avec la louve = she-wolf) serait en lien avec le latin populaire levius et le latin classique levis (léger), du verbe latin elevo/elevare, ayant donné le verbe en anglais to elevate (bien que le mot anglais le plus utilisé pour traduire hisser, élever, monter soit to raise (up).
Est-ce un hasard si lewis peut être également rapproché de level (lui aussi dérivé du latin levis (voir ci-dessus), à savoir le niveau ?
NB. Lewis a été également utilisé pour angliciser le nom irlandais Lugaid, le nom allemand Ludwig, et le nom français Louis (ces derniers dérivant du vieux franc Chlodowig). Et si la louve s’appelait Louise ?
Le mot français Louve a une étymologie latine plus évidente, lupa/lupae, la louve, femelle du loup (lupus) car l’appareil de levage tient la pierre aussi solidement que les mâchoires de la louve sur sa proie. Mais alors pourquoi le féminin car les mâchoires du loup sont au moins aussi solides, voire plus, que celles de la femelle… Est-ce une référence à la louve maternelle, capitoline (mais nous ne sommes pas en Italie ?) Mais pourquoi ne pas penser à Raksha, la louve seule (veuve) qui protège et adopte Mowgli, dans The Jungle Book, du frère Rudyard Kipling ?
NB En poétique, le latin lupus signifie également mors armé de pointe, croc ou grappin.
En français, divers mots dérivent de la louve-outil.
Louver : creuser une pierre pour y introduire une louve.
Louver : soulever une pierre avec une louve.
Louveur : ouvrier qui taille les louves dans les pierres.
Pierre louvée : pierre à qui on a fait une louve.
On trouve encore le ciseau à louver et le trou de louve.
Sous une forme rudimentaire, la louve est apparue dans la première Antiquité gréco-latine, mais elle s’est perfectionnée et généralisée durant l’Empire romain et l’occident médiéval.
2°) DESCRIPTION
NB. Sur le plateau du premier surveillant, l’outil de levage est une « chèvre » tripode. En effet, stricto sensu, la louve désigne les pièces métalliques agrippant la charge. C’est par synecdoque que la louve métallique en vint à désigner l’ensemble de l’appareil de levage.
Au demeurant l’Explication (p.61) décrit les deux types de louve stricto sensu:
A°) « … certaines pièces de métal encastrées dans une pierre cubique » (modèle clavé)
De manière encore plus précise, seule la partie centrale est dite louve, les deux parties latérales sont nommées louveteau.
B°) « … un assemblage en queue d’aronde formant crampon » (modèle auto-serrant)
3°) SYMBOLISME
* La louve exprime le lien très puissant entre la pierre (l’homme) et l’appareil destiné à l’élever (la franc-maçonnerie et/ou le Grand Architecte). On notera que les pierres « louvées » (levées) sont le plus souvent taillées (celle de la louve du premier surveillant est cubique [perfect ashlar]), mais peuvent être également brutes (grossières= rough ashlar). A ce titre, l’outil exprime fondamentalement le rôle d’ascenseur (de perfectionnement, d’initiation) de l’Art royal.
** la louve exprime également la force, par analogie avec les mâchoires de l’animal. La force élève et soutient (Boaz/Booz, de l’hébreu ,בעז, En lui [est] la force).
Le maçon, et plus spécialement l’apprenti, doit s’incruster, s’agripper dans la pierre dure pour pouvoir s’élever (être élevé) et doit se détourner de la facilité en ne choisissant pas une pierre tendre, au risque de laisser une partie de sa charge (connaissance, choses apprises).
La colonne de la force (ordre dorique) est précisément celle du premier surveillant.
De même, le louveteau (lowton) doit aider ses parents à porter leurs charges lorsqu’elles deviennent trop lourdes pour diverses causes (vieillesse, maladies, difficultés sociales). Cf. Explication… (p. 62) : « Son devoir, envers ses parents, est de supporter le fardeau des difficultés quotidiennes, dont il doit les décharger en raison de leur âge, de les aider dans les moments de besoin et de rendre, ainsi, la fin de leurs jours, heureuse et exempte de souci ».
Le maçon serait ainsi un enfant de la louve.
*** Par sa forme et ses imbrications (louve et les deux louveteaux), la louve exprime la solidarité. Les FF doivent s’imbriquer les uns aux autres, faire corps, être solidaire.
**** La louve doit parfaitement s’adapter aux alvéoles taillées pour elle (trous de louve), sans admettre le moindre jeu. Bien « taillé », le maçon doit occuper sa place, toute sa place mais rien que sa place.
***** La louve et ses deux louveteaux (trois parties de métal) expriment la solidarité maternelle identique à celle de la franc-maçonnerie pour ses fils, les francs-maçons qui méritent à nouveau d’être qualifiés d’enfants de la louve.
****** La pierre soulevée par la louve est ainsi mise en place avec précision et en sureté. C’est en prenant conscience de certaines de nos « lourdeurs » que nous pouvons progresser en faisant d’elles, non des fardeaux, mais des outils, ou plus précisément en cherchant en nous le moyen de « lever » nos pesanteurs intérieures. Tout le travail de levage se fait en commun. La louve symbolise ainsi la force, la cohésion, l’harmonie qui doivent unir la loge.
******* La louve exprime également la perpendiculaire (corde qui soutient la louve), le niveau (triangle formé par les trois pieds de la chèvre) et l’équerre (en autres les 24 angles droits de la pierre cubique).
C’est donc au pied de la louve, qu’on peut juger du maçon…
Merci pour ces explications bien utiles
frat
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