Marius M. était de méchante humeur. Au lever du lit, encore mal réveillé, il avait renversé son café sur son pyjama, provoquant ainsi une engueulade avec sa femme. La veille, l’OM venait de perdre un match de championnat. Son dernier niston venait de se prendre encore un zéro en français. Comme d’habitude, il pleuvait sur Paris, ce pays septentrional qui n’a que deux saisons : le mois d’août et l’hiver. La cendre de sa cigarette, qui lui roussissait la moustache, venait de choir sur son costume lie de vin. Marius M. gromellait . Comme on dit chez lui, il faisait un mourre de six pieds de long. Ses bons états de service l’avaient conduit à l’évêché. Et puis vint cet ordre : direction Paris ! c‘est coucarin, ça ! il faut être calu comme moi pour venir s’installer au Pôle Nord . Marius lissa sa moustache, passa sa main dans une chevelure dégarnie, puis relut le message de la place Beauvau. Scrupuleusement, tout en mangeant son sandwich, il faisait sa valise : sian poulit. Mais qu’est-ce qu’il a ce grand fada de Schumacher [c’est le charmant surnom que Monsieur le commissaire donne à son homologue allemand de l’Office fédéral pour la protection de la Constitution] pour s’intéresser à ce jobastre, con !
Pendant ce temps, Heinrich von M., alias Schumacher , après avoir fort bien dîné avec un sénateur, ancien secrétaire d’état à l’intérieur, feuilletait quelques livres anciens à la Bibliothèque Mazarine …
Longtemps, j’éteignais la lumière à 23 heures pour flirter presque immédiatement avec Morphée. Depuis je ne peux fermer l’oeil avant une heure avancée. Mes matins sont chagrins. Pourtant j’ai souvenir de levers affectueux et cajoleurs. 
Je suis une chatte. Ma chatte est moi. Lorsque je pense, elle m’entend même si mes lèvres ne bougent pas.
Yves Hivert-Messeca 