Obsèques de Maurice, maréchal de Saxe (1696-1750), protestant et franc-maçon

L’enterrement de Maurice (1696-1750), comte de La Raute, puis de Saxe (1710), un temps duc de Courlande (1726/7), maréchal de France (1743), maréchal général des camps et armées du roi (1747), symbolisa cette amélioration du sort des protestants d’Alsace et cette reconnaissance de la franc-maçonnerie. Fait maçon en juin 1737, à Paris, peut-être à Coustoy-Villeroy, d’après un gazetin de l’abbé  [  Sans doute un simple porteur du petit collet qui permettait de se donner le titre d’abbé] Philippe Bridard de La Garde, avec son beau-frère Claude Marie Bellegarde d’Entremont (1700-1755) [Frédéric-Auguste Ier, électeur de Saxe (1694-1733) et roi de Pologne sous le nom d’Auguste II eut plusieurs enfants naturels de diverses maîtresses, entre autres : de la comtesse Marie-Aurore de Koenigsmark, Maurice, de Fatima (dite Maria Anna de Speigel), Maria Anna Katharina Rutowska, demi-sœur de Maurice et épouse du comte de Bellegarde], chambellan de l’Électeur de Saxe, Maurice fut candidat malheureux à la grande maîtrise de la 1re  GLDF (décembre  1743). Le vainqueur de Rocroy, malgré une vie de plaisirs, était demeuré luthérien. À sa mort en son château de Chambord, le problème de sa sépulture se posa. En tant que protestant, étranger et bâtard, il ne pouvait espérer Notre-Dame de Paris, Saint-Denis ou les Invalides, ni aucun autre lieu d’inhumation. Louis XV décida de le faire ensevelir en Alsace, terre française où le protestantisme demeurait autorisé. Le convoi funèbre, parti des rives de la Loire le 8 janvier 1751, arriva à Strasbourg le 7 février. Le catafalque fut exposé le même jour, en l’hôtel de François, 1er duc de Coigny, gouverneur de la province. Le 8 février au Temple-Neuf, on entendit son oraison funèbre prononcée par Jean-Michel Lorentz (1692-1752), chanoine [Le chapitre de Saint-Thomas de Strasbourg, fondé au XIe siècle, passa en corps à la Réforme en 1524. Ses droits et revenus furent garantis par l’article 3 de la Capitulation (acte par lequel Strasbourg se plaça sous la « protection » du roi de France) du 30 septembre 1681] et pasteur du temple SaintThomas, d’après un verset du 1er Livre des Macchabées : Quomodo cecidit potens qui salvuum faciebat Israël [Comment est mort cet homme puissant qui sauvait Israël, 1 Macchabées 9, 21]. Puis une harangue de Jean Léonard III Froereissen (1694-1761), pasteur du Temple-Neuf. La translation au temple Saint-Thomas intervint le 20 août 1777, à l’initiative de François Christophe Honoré de Klinglin , prêteur royal , et de Louis Georges Erasme, 6e  marquis de Contades, maréchal de France, commandant en chef en Alsace depuis 1763. Louis  XV avait commandé au sculpteur Jean-Baptiste Pigalle un mausolée monumental de marbre bleu turquoise, vert mer, gris et blanc. Bien que la sépulture du maréchal honorât indirectement le protestantisme, le chapitre de Saint-Thomas n’avait donné son accord à l’installation dans le temple qu’en juillet 1775 : il jugeait Saxe impie et amoral. Après ces obsèques, la monarchie se montra moins tatillonne envers les protestants alsaciens, même si ces derniers demeurèrent brimés, notamment dans l’accès à certains offices et charges…

Extraits de « Protestants & francs-maçons en pays de France.

Trois siècles d’affinités, de compagnonnage, d’indifférence et d’antagonismes.« , Paris, Dervy, 2020, p. 70/71

Ce dernier ouvrage est en vente dans toutes les bonnes librairies :

Préface de Valentine Zuber, directrice d’études à l’EPHE-Paris-Sorbonne-CNRS;

Postface de Jacques-Noël Pérès, professeur honoraire de théologie patristique et d’histoire de l’Eglise ancienne à la faculté de théologie protestante de Paris, Passé Maître de la loge nationale de recherche Villard de Honnecourt .

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