LE DECLIN DE LA FRANC-MACONNERIE NORD-AMERICAINE EST-IL INELuCTABLE ?

Depuis quatre décennies, les ventes de temples maçonniques se multiplient. Ils sont souvent transformés en appartements ou en hôtels, mais peuvent connaître d’autres usages : Washington, siège de Gallup (2000) ; Lowville (New York) en musée (2002) ; New Haven, en église de scientologie (2005). Cette dispersion du patrimoine maçonnique nord-américain est la preuve la plus tangible des difficultés de la franc-maçonnerie des Etats-Unis.

En effet, la principale caractéristique, entre le déclin des uns et la stagnation des autres, est la chute qui semble inéluctable des effectifs maçonniques depuis un demi-siècle. Toutes obédiences confondues, ils sont passés de 4 500 000, au milieu du XXe siècle à 1 200 000/1 300 000. Si on ne prend pas en compte les Ordres féminins maçonniques ou paramaçonniques selon les uns ou les autres, 99,5 % sont des frères.

La baisse concerne d’abord et surtout les obédiences caucasiennes. Elles regroupaient dans la deuxième moitié de la décennie 1950, un peu plus de 4 000 000 d’adhérents. Les effectifs viennent de passer sous la barre du million en 2018/9.

Faut-il projeter cette courbe descendante dans les décennies à venir et prévoir la disparition de la franc-maçonnerie « caucasienne », voire des Etats-Unis, dans une trentaine d’années ? La prudence s’impose. Par comparaison, notons que depuis la décennie 2010, la franc-maçonnerie anglaise (et écossaise ?) s’est stabilisée, voire en légère reprise. Il semble que même, si dans le pire des cas, aucune inversion ne s’observe dans les 30 prochaines années, existe, actuellement, dans le corps maçonnique « caucasien » nord-américain, un noyau, sans doute « incompressible », d’environ 100 000 membres[1]. Notons que la Grande Loge d’Arkansas est la seule à voir ses effectifs augmenter durant les années 2011/2017.

Il semble que la diminution obéisse à certaines données géographiques comme le montre le tableau ci-dessous :

Etat20112017 
ALABAMA57623 868– 11,8%
ALASKA 1 868 1 635– 12,5%
ARIZONA 8 263 6 828– 14,4%
ARKANSAS12 00513 048+ 8,7%
CALIFORNIE57 25048 196– 15,8%
COLORADO 9 320 7 676– 17,6%
CONNECTICUT12 423 9 603– 2,7%
DELAWARE 4 997 4 095– 18,1
DISTRICT of COLUMBIA (WASHINGTON) 4 424 4 144– 6,3%
FLORIDE44 43735 494– 20,1%
GEORGIE42 29733 799– 20,1%
HAWAI 1806 1 670– 7,5%
IDAHO 3 832 2 860– 25,3%
ILLINOIS66 34755 210– 16,7%
INDIANA62 96848 775– 22,5%
IOWA20 84415 978– 23,3%
KANSAS22 00416 427– 25,3%
KENTUCKY45 27536 245– 19,9%
LOUISIANE20 48215 469– 24,4%
MAINE21 03316 478– 21,6%
MARYLAND15 99813 196– 17,5%
MASSACHUSETTS35 33326 296– 25,6%
MICHIGAN36 17227 383– 24,3%
MINNESOTA14 08411 124– 21%
MISSISSIPPI18 68915 257– 18,4%
MISSOURI50 41534 012– 32,5%
MONTANA 5 773 4 530– 21,5%
NEBRASKA12 271 9 644– 21,4%
NEVADA 4 168 3 584– 14,1%
NEW HAMPSHIRE 6 681 5 088– 23,8%
NEW JERSEY23 20917 278– 25,6%
NEW MEXICO 5 590 3 551– 36,5%
NEW YORK44 77633 595– 14,5%
NORD CAROLINE43 64438 173– 12,6%
NORD DAKOTA 2 927 2 752– 6%
OHIO101 92980 602– 20,9%
OKLAHOMA24 06819 594– 18,6%
OREGON 9 203 7 347– 20,1%
PENNSYLVANIE111 661 97 822– 12,4%
RHODE ISLAND 4 161 2 943– 29,3%
SUD CAROLINE38 85332 191– 17,1%
SUD DAKOTA 5 902 5 022– 14,9%
TENNESSEE43 01534 858– 18,9%
TEXAS88 89670 590– 20,6%
UTAH 2 034 1 807– 11,1%
VERMONT 6 299 4 681– 25,7%
VIRGINIE38 00832 473– 14,6%
WASHINGTON16 11012 118– 24,8%
OUEST VIRGINIE21 24217 953– 15,5%
WISCONSIN12 16510 796– 11,3%
WYOMING 3 776 2 868– 24%
TOTAL1 336 5031 076 626– 19,4%

Les baisses les plus faibles se situent géographiquement dans le nord-est (Connecticut, district de Columbia, New York, Pennsylvanie, Virginie), l’ouest montagneux (Arizona, Nevada), le nord des Grandes Plaines (les deux Dakota & le Wisconsin) et la périphérie (Alaska, Hawaï), l’Alabama faisant exception.

Les plus fortes baisses se constatent dans le Middle West (Indiana, Iowa, Kansas, Michigan, Minnesota, Missouri, Nebraska, Ohio, Wyoming), dans le Sun Belt (Floride, Géorgie, Louisiane, Nouveau Mexique, Texas), dans le Nord-Ouest (Oregon, Washington), mais également une partie du Nord-Est (Maine, Massachusetts, New Hampshire, New Jersey et Rhode Island, Vermont).

Sans que cette tendance soit très nette, il semblerait que la baisse soit à la fois la plus faible (Californie, Delaware, Illinois, New York) et la plus forte (Massachusetts, Michigan, New Jersey, Rhode Island) dans certains états « démocrates ».

Majoritairement, les petites obédiences « blanches » connaissent les plus faibles baisses d’effectifs (Alaska, Arizona, Connecticut, District of Columbia, Hawaï, Nord Dakota, Sud Dakota, Utah) même si on constate quelques exceptions (Idaho, Rhode Island, Vermont). Selon les cas, les plus grosses obédiences connaissent des baisses supérieures à 20% (Floride, Géorgie, Indiana, Missouri, Ohio, Texas) ou entre 10 et 15% (Californie, Illinois, New York, Nord Caroline et la Pennsylvanie).

Cette baisse se fait par des paliers différents selon les états. Ainsi entre 2011 & 2012, les effectifs avaient légèrement augmenté dans l’Alabama, l’Arkansas, la Californie, le district de Columbia, le Maryland, le Texas & l’Utah ; de 2017 à 2018, ce fut le cas d’Hawaï, du Kentucky, de New York et de l’Utah. De plus l’Arkansas est le seul état où le nombre des maçons est en augmentation ces dernières années.

Vu le poids démographique de la maçonnerie « caucasienne » dans l’Art royal des Etats-Unis, les tendances à la baisse de la première se retrouvent très largement dans le second. Si on comptabilise la totalité des maçons américains, on voit apparaître comme le montre le tableau ci-dessous, nettement une grande zone de faible densité maçonnique à l’ouest, de manière compacte de l’état de Washington, de l’Oregon et de l’Idaho au Colorado, au Nouveau Mexique et au Texas, via la Californie, le Nevada, le Colorado et l’Arizona, alors que la plus forte densité se rencontre dans un arc de centre-est (Pennsylvanie, Virginie de l’Ouest, Kentucky, Washington-DC). Est-ce à dire que la « nouvelle modernité » (celle d’aujourd’hui) est moins favorable que l’ancienne modernité (XXe siècle) ? idem pour la frontière par rapport aux premiers états ?

EtatObédience « caucasienne » (effectifs)Population de l’étatObédience Prince Hall (effectifs)% 
CALIFORNIE48 19639 560 0004 000 (?) 0,12 
TEXAS70 59028 700 000( ?)0,3 
FLORIDE35 49421 300 000(?)  
NEW YORK33 59519 550 0005 500 (?)  
PENNSYLVANIE 97 82212 810 0006 400 (?)0,8 
ILLINOIS55 21012 750 0003 500 (?)0,4 
OHIO80 60211 690 0004 000 (?)0,7 
GEORGIE33 79910 520 0009 500 (?)0,4 % 
NORD CAROLINE38 17310 390 00015 000 (?)0,7% 
MICHIGAN27 383 9 995 000(?)0,7 % 
NEW JERSEY17 278 8 910 000(?)0,2 % 
VIRGINIE32 473 8 520 0008 000 (?)0,4 % 
WASHINGTON12 118 7 540 000(?)0,2 % 
ARIZONA 6 828 7 175 000(?)0,09 % 
MASSACHUSETTS26 296 6 910 0001 200 (?)0,4 % 
TENNESSEE34 858 6 770 000(?)0,7 % 
INDIANA48 775 6 690 0002 000 (?)0,7 % 
MISSOURI34 012 6 130 0002 200 (?)0,6 % 
MARYLAND13 196 6 050 0003 500 (?)0,3 % 
WISCONSIN10 796 5 820 000300 (?)0,2 % 
COLORADO 7 676 5 700 000600 (?)0, 2 % 
MINNESOTA11 124 5 620 000(?)0,2 % 
SUD CAROLINE32 191 5 100 000(?)0,8 ù 
ALABAMA23 868 4 890 000 6 000 (?)0,6 % 
LOUISIANE15 469 4 660 0007 500 (?)0,5 % 
KENTUCKY36 245 4 470 0001 600 (?)0,9 % 
OREGON 7 347 4 190 000(?)0,2% 
OKLAHOMA19 594 3 950 000(?)0,6 % 
CONNECTICUT 9 603 3 570 0001 000 (?) 0,3 % 
UTAH 1 807 3 170 000GL du Colorado0,06 % 
IOWA15 978 3 160 000500 (?)0,6 % 
NEVADA 3 584 3 040 000150 (?)0,02 % 
ARKANSAS13 048 3 020 0001 700 (?)0,5 % 
MISSISSIPPI15 257 2 990 000(?)1,0 % 
KANSAS16 427 2 920 0001 000 (?)0,6 % 
NEW MEXICO 3 551 2 100 000350 (?)0,2 % 
NEBRASKA 9 644 1 930 000250 (?)0,5 % 
OUEST VIRGINIE17 953 1 810 000(?)1 % 
IDAHO 2 860 1 760 000GL de l’Oregon0,2 % 
HAWAI 1 670 1 420 000 0,1% 
NEW HAMPSHIRE 5 088 1 360 000GL du Massachusetts0,4 % 
MAINE16 478 1 340 000GL du Massachusetts1,3% 
MONTANA 4 530 1 070 000GL de l’Oregon0,4 % 
RHODE ISLAND 2 943 1 060 000230 (?)0,3 % 
DELAWARE 4 095    970 000(?)0,5 % 
SUD DAKOTA 5 022    890 000GL du Minnesota0,6 % 
NORD DAKOTA 2 752    760 000GL du Minnesota0,4 % 
ALASKA 1 635…740 000200 (?)0,2 % 
DISTRICT of COLUMBIA (WASHINGTON) 4 144…705 0005 000 (?)1,3 
VERMONT 4 681…630 000GL du Massachusetts0,7 
WYOMING 2 868    580 000GL du Colorado0,5 % 
TOTAL (E-U)1 076 626309 000 000120/130 000 (?)0,4 % 

Les explications simplistes, univoques, voire « idéologiques » et/ou malveillantes sont à rejeter. Ce déclin nord-américain, concomitant de celui du Royaume-Uni et du Commonwealth (en partie), mais assez différent de lui, est le résultat d’une série de facteurs idéologiques, culturels, sociaux et économiques qui peuvent s’interpénétrer les uns aux autres.

Sur une longue période, la franc-maçonnerie américaine a progressivement perdu divers traits essentiels de sa « nature ».

D’abord ses fonctions de Friendly Societies. Entre les décennies 1840/60 et 1940, entrer en maçonnerie offrait entre autres, un certain statut social, une honorabilité civile et peut-être surtout une protection sociale comme une sorte d’assurance-vie, de sécurité médicale et de prise en charge des obsèques, dans un pays où le welfare state fut tardif, incomplet et aléatoire. L’après-guerre marqua le déclin inéluctable du fraternalisme, c’est-à-dire des pratiques d’inclusion basées sur des solidarités collectives[2].

Ensuite la fin des après-guerres. Nous avons déjà vu combien les périodes d’après-guerre (années 1920 et 1950/60) avaient été favorables à la franc-maçonnerie. La présence en loge était, pour les frères, jeunes anciens combattants, un moyen de continuer à vivre la fraternité des armes. On ne peut pas ne pas noter des affinités, mutatis mutandis, entre l’American Legion et la franc-maçonnerie, encore que la première voit ses effectifs croitre. Les guerres menées par les Etats-Unis, après 1945, n’eurent ni l’ampleur, ni la « nature » des deux grands conflits mondiaux.

Enfin un changement de paradigme, savoir les expériences, les croyances et les valeurs par lesquelles les Américains percevaient la réalité et agissaient en elle. L’âge d’or, en termes d’effectifs de la franc-maçonnerie américaine, correspondait peu ou prou à l’American Dream, composante fondamentale de l’éthos des Etats-Unis. Ses principes (démocratie, libertés publiques, droits individuels, égalité des citoyens, « poursuite du bonheur » comme l’affirme la Déclaration d’indépendance) résonnaient dans l’imaginaire maçonnique[3]. Mais à partir des années 1950/60, l’American Dream s’identifia de plus en plus au consumérisme lato sensu, non seulement à l’hyperconsommation des biens matériels et culturels, mais à des changements nouveaux de vie. Désormais les frontières entre l’information, le divertissement et la publicité, voire la politique et la culture, sont de plus en plus floues. L’individualisme/égoïsme, le zapping culturel et sociétal et la logique assurantielle personnelle se développent alors que s’étiolent la coopération et les solidarités, bref les bases de la vie maçonnique.

Aussi selon les générations, l’attitude envers la maçonnerie semble se différencier[4]. L’actuel « troisième âge »[5] (seniors, older adults ou old age) a connu, dans sa maturité, l’âge d’or de la franc-maçonnerie américaine. Dans la décennie 1950, un américain adulte sur dix/douze était en loge (plus ou moins activement)[6]. La génération des boomers (nés entre 1946 et 1964 ; 82% de blancs, 13% d’afro-américains, 4%d’hispaniques) a encore connu l’influence de la génération précédente. Elle fournit aujourd’hui la très grande majorité des « cadres » des obédiences et des loges. Le décrochage se fait avec la génération X (née entre 1965 et 1980[7] ; 70% de blancs, 15% d’afro-américains, 12% d’hispaniques). Les auteurs William Strauss (1947-2007) et Neil Howe la nomment « 13e génération » parce que c’est la treizième à connaître le drapeau américain. Ils la caractérisent par sa méfiance envers le leadership & les institutions, l’augmentation des divorces, la généralisation de la pilule contraceptive et du travail féminin, le gout pour la pensée divergente (processus de pensée utilisé pour produire des idées créatives en envisageant plusieurs solutions possibles), la culture punk et art rock et les devil-child films (films d’horreur où des enfants jouent le rôle de « méchants ») et l’adhésion aux progrès scientifiques et technologiques (rien n’est impossible, il suffit d’y mettre le temps et de l’argent). Selon nos deux auteurs, cette génération est « nomade », aventureuse, cynique et pour la contre-culture, choix pas toujours compatibles avec le corpus maçonnique. La rupture générationnelle s’accentue encore avec les Millenials[8] (génération Y , génération boomerang, génération Peter Pan)(nés entre 1965 & 1996 ; 61% de blancs, 18% d’hispaniques, 15% d’afro-américains[9]), caractérisés par l’attrait pour l’argent, le refus de toute contrainte, le désintérêt pour la politique, le mariage du virtuel et du réel (Digital Natives) & l’utilisation massive du webmarketing, du smartphone et des réseaux sociaux. De plus, cette génération se définit par son hétérogénéité et une différenciation assez sensible entre les millenials blancs, d’une part, et les millenials afro-américains et hispaniques d’autre part. Cet ensemble ne trouve pas vraiment une interface avec la franc-maçonnerie et rien n’indique un changement (bien au contraire) avec la génération Z (nés après 1996 ; blancs 52%, hispaniques 25%, afro-américains 14%) qui commence à entrer dans l’âge adulte.

A ces mouvements longs, vont s’ajouter des mutations socio-culturelles particulières, notamment la montée démographique et « militante » du catholicisme et de l’évangélisme, mais la courbe de ces deux courants religieux s’inverse depuis deux décennies. Contrairement à ce que laissent supposer des pseudo-analyses médiatiques aguichantes, le paysage religieux américain change fortement depuis quatre à cinq décennies. Le phénomène s’accentue depuis ces dernières années. Ainsi, selon le Pew Research Center, entre 2007/8 et 2018/9, les chrétiens sont passés de 78% à 65% tandis que les unaffiliated sont en hausse de 16 à 26 %[10]. Chez les jeunes nés entre 1981 et 1996, ce % monte à 40%. Tous les groupes religieux sont affectés. Toujours entre 2007/8 et 2018/9, les catholiques sont passés de 25 à 21%, les évangélistes de 26,5 à 25, les protestants mainline de 18 à 15[11] et les églises noires « historiques », de 6,5 à 6%.

Les rapports entre la franc-maçonnerie et les Eglises ont été et demeurent complexes. Hier comme aujourd’hui, on va des affinités électives à une franche latomophobie. L’hostilité avec les catholiques est ancienne.

Au moment de l’indépendance, les Etats-Unis ne comptaient que 25 000 catholiques. L’arrivée de migrants, d’abord irlandais, puis canadiens francophones, polonais, enfin Italiens transforma la situation. Les catholiques étaient 12 000 000 en 1905. Au milieu du XXe siècle, ils représentaient 1/6 de la population des Etats-Unis. Aujourd’hui, ils forment le cinquième des Américains[12]. Depuis la création au XVIIIe siècle de la franc-maçonnerie, l’Eglise romaine lui a toujours manifesté son opposition. Le clergé étasunien fut toujours à l’unisson. Cependant en 1974, une lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, signée par le cardinal croate Franjo Šeper, laissait entendre que l’admission des catholiques en loge était possible. Profitant de ce flou, des catholiques américains s’étaient fait recevoir « officiellement » (ouvertement) en maçonnerie. En avril 1985, le cardinal Bernard Francis Law (1931-2017), archevêque de Boston en 1984, démissionnaire en 2002 suite à son inertie face aux prêtres pédophiles de son diocèse, et la conférence épiscopale publièrent une lettre qui précisait la stricte interdiction entre le catholicisme et la franc-maçonnerie. En septembre 2002, nouveau quiproquo. Thomas Anslow (1946-2017), vicaire pour les affaires canoniques du diocèse de Los Angeles écrivait, à propos de l’admission des frères en maçonnerie, à David Patterson, secrétaire exécutif au Masonic Service Bureau (Californie) : « au moins pour les catholiques aux USA, je crois que la réponse est probablement oui ». En décembre 2002, il se rétracta dans une lettre publique accusant la franc-maçonnerie d’avoir favorisé une « conception humanitaire supra-confessionnelle du divin » neutralisant ou remplaçant la dimension de foi des catholiques dans leur relation avec Dieu. Régulièrement, les institutions et les media catholiques des Etats-Unis rappellent l’ostracisme. Les ouvrages[13] de l’essayiste créationniste, géocentriste et antisioniste, John Salza, créateur du site ScriptureCatholic.com, s’affirmant « ancien 32e degré » sont des best-sellers.

Le même antimaçonnisme se retrouve chez divers mouvements protestants, notamment évangéliques. Traditionnellement, divers courants revivalistes anciens, notamment les mennonites, les quakers, les adventistes, l’Eglise du Nazaréen (méthodistes), les Eglises des Frères (anabaptistes), les Assemblées de Dieu (pentecôtistes), l’Armée du salut, diverses Eglises baptistes et plusieurs Eglises luthériennes évangéliques du Middle West étaient et sont encore opposés publiquement à la franc-maçonnerie. En revanche, la Southern Baptist Convention (15 000 000 de fidèles) laisse à ses membres la possibilité d’adhérer ou pas à la franc-maçonnerie. Les épiscopaliens (anglicans), la majorité des presbytériens (calvinistes) et des luthériens, certains méthodistes, n’ont jamais manifesté de l’hostilité envers l’Art royal.

Compte tenu de la balkanisation du paysage protestant nord-américain, les rapports entre les Eglises protestantes et la franc-maçonnerie sont complexes, divers et changeants comme le montrent les tableaux suivants.

EglisesFidèles 
Southern Baptist Convention (SBC) (E)[14]15 000 000Globalement, les Eglises baptistes[15] ont émis des réserves théologiques envers la franc-maçonnerie, mais ne s’opposent en rien à l’admission de leurs membres en loge[16]. De facto, de nombreux baptistes[17] maçonnèrent & maçonnent encore[18].
National Baptist Convention(E) 8 200 000
National Baptist Convention of America(E) 3 500 000
National Missionary Baptist Convention of USA(E)2 500 000
Progressive National Baptist Convention(E)2 500 000
American Baptist Churches, USA (M)1 100 000
United Methodist Church (M)8 400 000Plutôt défavorables, mais l’attitude varie selon les Eglises, les paroisses et les ministres méthodistes.
African Methodist Episcopal Zion Church (M)1 200 000
Free Methodist Church of America (E)1 000 000
Church of God in Christ (Memphis) (E)5 500 000La quasi-totalité des Eglises pentecôtistes (14 000 000 de fidèles) est plus ou moins (le plus souvent plus que moins) hostile à la franc-maçonnerie
God Fellowship(E)s2 500 000
Church of God (Cleveland) (E)1 000 000
International Church of the Foursquare(E)250 000
Evangelical Lutheran Church in America (M)3 300 000La très grande majorité des Eglises Mainline (sauf la Lutheran Church Missouri Synod) n’exprime aucune hostilité envers la franc-maçonnerie, sans encourager l’adhésion.
Lutheran Church-Missouri Synod (E)2 000 000
Presbyterian Church, USA (réformée)(M)1 300 000
Presbyterian Church in America (réformée)(M)350 000
Episcopal Church (anglicane) (M)1 600 000

Présentement, la majorité des Eglises protestantes mainline[19], une partie des baptistes et une minorité des méthodistes sont largement indifférentes vis-à-vis de la franc-maçonnerie et laissent leurs fidèles, en conscience, adhérer ou pas à la franc-maçonnerie. Les rapports entre la franc-maçonnerie et les Eglises évangéliques sont plus compliqués. Présentement, les évangéliques représentent le quart de la population des Etats-Unis, mais la mouvance est loin d’être homogène. Malgré des lourdes tendances communes, l’évangélisme peut se diviser en divers sous-groupes en fonction des critères retenus :

** baptisme/pentecôtisme/charismatisme/confessionalisme dans les Eglises historiques/christianisme « non dénominationel », c’est-à-dire refusant de s’inscrire dans une tradition particulière (megachurchs notamment) ;

** évangélisme fondamentaliste, traditionaliste (majorité), « centriste » et moderniste (petite minorité).

Malgré toutes ces nuances, on ne peut pas ne pas noter une certaine corrélation (ni systématique, ni mécanique néanmoins) entre les états où évangéliques et catholiques sont numériquement nombreux et les états qui connaissent les plus fortes baisses des effectifs maçonniques.

ETATSPROTESTANTS EVANGELIQUESCATHOLIQUES ROMAINSTOTAL
ETATS-UNIS25%21%46%
NEW MEXICO23%34%57%
MISSOURI36%16%52%
RHODE ISLAND14%42%56%
VERMONT21%26%47%
MASSACHUSETTS26%21%47%
NEW JERSEY13%34%47%
KANSAS31%18%49%
IDAHO21%10%31%
WASHINGTON25%17%42%
LOUISIANE27%26%52%

Pour les dix états où la chute des effectifs est la plus importante, on peut noter que 8 d’entre ont un total (catholiques+ évangéliques) supérieur à la moyenne nationale. On peut donc en déduire avec prudence que la présence de ces deux groupes religieux induit un certain effet négatif sur l’entrée en franc-maçonnerie.

ETATPROTESTANTS EVANGELIQUESCATHOLIQUES ROMAINSTOTAL
ALASKA22%16%38%
PENNSYLVANIE19%24%43%
ALABAMA49%7%56%
WISCONSIN22%25%47%
UTAH7%5%12%
ARKANSAS46%8%54%
HAWAÏ25%20%45%
DISTRICT OF COLUMBIA14%19%33%
DAKOTA DU NORD22%26%48%
CONNECTICUT12%33%45%

Inversement, pour les dix états où la chute des effectifs est la moins importante, la situation est plus mitigée. Cinq ont un total inférieur à la moyenne nationale. Le très fort % d’évangéliques dans l’Alabama et l’Arkansas semblent ne pas avoir une grande influence sur les effectifs maçonniques. Pour prouver avec certitude une corrélation entre ces deux courants religieux et l’atonie maçonnique, il faudrait faire une analyse plus fine, peut-être au niveau des comtés, en prenant en compte non seulement les données religieuses générales, le poids des baptistes mais également les paramètres socio-professionnels, politiques, culturels et ethniques.

Les mormons (6 500 000) forment une communauté assez homogène, notamment dans l’Utah. Curieusement, de 1925 à 1984, la Grande Loge de l’Utah avait interdit aux membres de l’Eglise des Saints des Derniers Jours de se faire recevoir en franc-maçonnerie. Aucune autre obédience nord-américaine n’adopta cette attitude. Inversement, les institutions et responsables mormons se montrèrent (et se montrent encore) plutôt favorables, quelquefois indifférents, rarement hostiles à la franc-maçonnerie. En 2008, le mormon Glen Cook devint le 137ème grand maître de la Grande Loge d’Utah.

Enfin on ne peut négliger un changement récent mais rapide et important dans la société américaine, masqué par l’exubérance de divers mouvements évangéliques. Selon les sondages du Pew Research Center conduits en 2018 et 2019, 65% des adultes américains se décrivent comme chrétiens, soit en baisse de 12 points de pourcentage durant la dernière décennie. Concomitamment, la part de la population non affiliée à une confession religieuse (y compris non chrétienne), se définissant comme athée, agnostique, indifférente ou « rien de particulier », s’élève désormais à 26%, contre 17% en 2009. Paradoxalement, on peut envisager qu’une part de ces derniers voit (certes à tort) dans la franc-maçonnerie une institution « religieuse », voire une « religion » d’où leur manque d’intérêt pour les loges.

Les mutations ethniques peuvent également participer au déclin maçonnique. Ainsi pour les Hispaniques (hispanics pour les autorités américaines, latinos pour les acteurs sociaux). Présentement, ils forment 18% de la population totale nord-américaine, mais assurent un quart des naissances. Les 2/3 sont d’origine mexicaine. Une petite moitié est catholique pratiquante, un cinquième protestant évangélique. Les ¾ parlent espagnol à la maison et un tiers déclare mal maitriser l’anglais. Les revenus moyens des familles hispaniques sont en moyenne inférieurs de 20 à 70% de celles des familles WASP. Toutes ces caractéristiques demeurent des obstacles (certes non rédhibitoires) à l’entrée importante des Hispaniques (communauté en hausse comme nous l’avons vu) en loge. Ceci explique le petit succès d’institutions maçonniques hispaniques, mais qui demeurent globalement des micro-obédiences à l’exception de la Gran Logia de Lengua Española para los Estados Unidos de America (New York), fondée en 1930/2. Présentement présidée par Byron Cayetano, elle compterait 61 loges (printemps 2020).

Divers autres courants contemporains de la société américaine ont pu détourner des individus de la franc-maçonnerie. Ainsi du New Age notamment à travers certains de ses thèmes, comme le channeling (procédés de communication entre humains et entités « supranaturelles »), diverses méthodes de développement personnel (sans doute rivales/concurrentes de l’initiation maçonnique comme le gestalt, les jeux de rôle systémique, le training rebal, le rebirth ou la sophrologie) ou le néopaganisme, le tout débouchant sur un « cybersacré ». Son objectif réside dans la transformation de soi pour transformer le monde, ce qui, nolens volens, pourrait s’apparenter à la méthode maçonnique. La grande différence à l’opposé du méliorisme maçonnique est que le New Age constitue la seule réponse à un chaos généralisé. De plus le changement se fait par « contagion » des individus, les uns par rapport aux autres. Cette nébuleuse qui parfois tangente la franc-maçonnerie se révèle globalement sa concurrente.

La nébuleuse libertarienne (au moins dans sa faction la plus radicale : gouvernement minimal, hypertrophie de l’individualisme, lois et règles générales réduites, etc…) s’ajoute aux chemins qui détournent de la loge. Il en est de même pour le progressisme lato sensu, peu sensible à une institution jugée « rétrograde » ou « conservatrice ».

L’homophobie a longtemps été une constante de la franc-maçonnerie américaine caucasienne comme afro-américaine. Néanmoins, elle a dû prendre en compte le combat du mouvement LGBT (Lesbian, gay, bisexual, transgender). Une majorité des obédiences a adopté une attitude ouverte sur ces sujets, au moins sur l’admission des homosexuels, à l’image de la Grande Loge de Californie. On notera que ces choix obédientiels sont souvent en corrélation avec la législation de l’état. En février 2016, Martin David Perry, grand maître de Californie, publiait la déclaration publique suivante :

« With more than 50 000 members statewide, those lodges under the Grand Lodge of California are open to men of good character and faith, regardless of their race, color, religious beliefs, political views, economic station, sexual orientation, physical ability, citizenship or national origin. Our lodges currently work in English, Spanish, French and Armenian.

Through this universal brotherhood, Californian Masons learn to be better husbands, better fathers, better friends, and better citizens. By appreciating our differences, we learn to focus on what unites us. Thus, the discussion of religion, politics, and business is not permitted in our lodges. In this way we live up to the centuries old aim of our fraternity – to unite men of every country, sect, and opinion and cause true friendship among those who otherwise would have remained at a distance…

Il est vrai que le Golden State, l’état le plus riche (3 000 milliards de dollars) et le plus peuplé (40 000 000 d’habitants) des Etats-Unis, se démarque souvent par son audace. Cependant progressivement la majorité des obédiences caucasiennes et afro-américaines a ouvert, de facto ou de jure, les loges aux homosexuels.La situation est plus délicate dans la Bible Belt. A l’automne 2015, deux frères qui venaient de se marier en juin 2015 furent suspendus par la Grande Loge du Tennessee. En octobre 2015, avec une courte majorité de son exécutif, la Grande Loge de Géorgie a approuvé un édit de son grand maître W. Mac Donald excluant les homosexuels de l’initiation maçonnique. Ces décisions furent condamnées à travers le monde par de très nombreuses obédiences, y compris une majorité d’obédiences américaines, mais il est certain que l’image de la franc-maçonnerie a sans doute pâti de ces épisodes malheureux.

La franc-maçonnerie subit également les conséquences de l’essor des mouvements féministes. On pourrait s’étonner que ces critiques féminines aient des conséquences sur une institution masculine. Et pourtant ! De plus, paradoxe le pays où le féminisme est très ancien, actif et puissant, la franc-maçonnerie féminine stricto sensu est pratiquement absente (quelques centaines de sœurs ?). Entre les années 1890 et 1920, ce fut le temps du féminisme suffragiste animé par l’American Woman Suffarge Association qui comptera jusqu’à deux millions d’adhérent(e)s. L’ordre mixte Le Droit Humain qui connut durant cette période ses meilleures années, n’en tira aucun avantage durable. En 1920, le droit de vote accordé aux femmes entraîne un certain reflux du féminisme. Le conservatisme culturel, sociétal et social des décennies 1920/30 fut accepté par de nombreuses femmes qui ne voyaient plus la nécessité de lutter pour acquérir de nouveaux droits, et qui acceptaient plus ou moins une séparation « sociale » des sexes. Ce fut dans le contexte, que les Ordres paramaçonniques féminins connurent leur meilleur succès. A partir des années 1960, le mouvement féministe connut sa deuxième vague qui récusait entre autres la limitation des femmes à la sphère privée et réclamait l’égalité politique, économique et sociale des sexes, sans compter des groupes plus radicaux contestant les structures « patriarcales » dans laquelle la franc-maçonnerie fut vite intégrée. Dans les années 1990, le féminisme américain connut sa troisième vague qui vit la prise en compte des luttes de femmes doublement marginalisées et/ou stigmatisées (noires, hispaniques, lesbiennes, transgenres, handicapées, femmes de ménage, grosses, « laides », prostituées, etc…), la diversification des modes d’actions et d’expressions, la réappropriation d’espaces « masculins » (sports, musique rock ou punk, arts) et l’investissement de l’espace médiatique, notamment les actes contre la publicité sexiste. Malgré des réticences de certaines féministes, le mouvement féministe américain a reçu l’appui, le compagnonnage ou la sympathie de plusieurs milliers d’hommes qui portent sur la franc-maçonnerie le même regard critique que leurs compagnes (de lutte et/ou de vie) sur cette société « machiste ».

On voit ainsi combien le déclin de la franc-maçonnerie américaine caucasienne et afro-américaine obéit à une foule de causes qui semblent se nourrir les unes aux autres, alimentant le processus. Il va sans dire que si l’actuel phénomène se poursuit, le paysage maçonnique mondial en sera bouleversé et l’éthos américain un tantinet transformé tant la franc-maçonnerie a été consubstantielle à l’histoire des Etats-Unis. Depuis cinq décennies, quelques obédiences, des loges et des frères ont cherché des voies pour rénover la franc-maçonnerie (nouvelles méthodes de travail entre autres) sans vraiment déboucher. Wait and see.

Extraits de l’ouvrage « L’AMERIQUE, LE CONTINENT DES MACONS », Toulouse, Editions Cépaduèes, 2020, pages 106/126.


POUR SE ¨PROCURER l’OUVRAGE : https://www.cepadues.com/livres/l-amerique-continent-des-macons-9782364937925.html

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[1] En 2018, les 51 grandes loges regroupent environ 11 000 loges qui possèdent, chacune, une douzaine d’officiers au moins.

[2] Beito David T., From Mutual Aid to the Welfare State: Fraternal Societies and Social Services, 1890 -1967, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2000.

[3] Dumenil Lynn, Freemasonry and American Culture, 1880–1930, Princeton (N.J.), Princeton University Press, 1989.

[4] Hypothèse à confirmer (ou a infirmer) par des enquêtes sociologiques.

[5] Le troisième âge (seniors ou personnes âgées) est une notion variable dans le temps synonyme de vieillesse qui renvoie à la conception classique des Âges de la vie. Pour notre exposé, nous avons choisi 70 ans.

[6] Aujourd’hui, ce % est « tombé » à 1 maçon pour 150 à 180 hommes adultes (dix huit ans et plus).

[7] Selon les chercheurs, la période de référence peut varier : 1966/1976, 1961/1981.

[8] Génération arrivée à l’âge adulte au tournant du millénaire.

[9] Le % ethnique de chaque génération est indiqué car il n’est pas sans conséquence sur la vision (et l’entrée ou non) de chaque catégorie d’âge, en franc-maçonnerie.

[10] Ces 26% se répartissent entre 4% d’athées, 5% d’agnostiques et 15% des déistes/théistes, panthéistes & spiritualistes hors église, et 2% divers.

[11] Dans le même temps, la population américaine est passée de 301/4 000 000 à 327/30 000 000 d’habitants. Aussi les effectifs des Eglises chrétiennes demeurent-ils stables, même si leur % diminue par rapport à la population globale.

[12] Selon le Pew Research Center (2018), les catholiques représenteraient 21% de la population nord-américaine.

[13] Freemasonry Unmasked. An Insider Reveals the Secrets of the Lodge, Our Sunday Visitor Publishing Division, Huntington (Indiana), 2006; Why Catholics Cannot Be Masons, Tan Books, Charlotte (Caroline du Nord), 2009.

[14] (E)= évangéliste ; (M)=Mainline (voir plus loin).

[15] Au total, il existe une trentaine de conventions baptistes aux Etats-Unis, soit 40 000 000 (50 000 000 ?) de fidèles.

[16] Lors de la session annuelle de la SBC (15/17 juin 1993), un rapport a reconnu les efforts caritatifs de la franc-maçonnerie et la longue présence de Baptistes en franc-maçonnerie. Mais elle a relevé huit principes d’incompatibilité. Néanmoins, elle laisse ses fidèles face à leur conscience : « In light of the fact that many tenets and teachings of Freemasonry are not compatible with Christianity and Southern Baptist doctrine, while others are compatible with Christianity and Southern Baptist doctrine, we therefore recommend that consistent with our denomination’s deep convictions regarding the priesthood of the believer and the autonomy of the local church, membership in a Masonic Order be a matter of personal conscience. Therefore, we exhort Southern Baptists to prayerfully and carefully evaluate Freemasonry in the light of the Lordship of Christ, the teachings of the Scripture, and the findings of this report, as led by the Holy Spirit of God» .

[17] Deux exemples parmi beaucoup, George W. Truett (1867-1944), président de la SBC (1927/9), président de la Baptist World Alliance (1934/9) a été maçon à la Dallas Lodge n° 760 (1920) et 32e REAA (1921) ou Louis D. Newton (1892-1986), président de la SBC (1947/8) et vice-président de la Baptist World Alliance (1939/59) a été maçon à la Joseph C. Greenfield,Lodge n° 400, sise à Atlanta.

[18] Selon un rapport de la SBC (1991), 14% des pasteurs de la Convention seraient maçons. Selon un autre rapport (2000), les fidèles de la SBC représenteraient le tiers des maçons « caucasiens ».

[19] Les Mainline (Mainstream ou Oldline) Protestant Churches sont nommées ainsi depuis les années 1920 pour désigner les Modernists, alors opposés aux Fundamentalists. Ce sont des Eglises théologiquement libérales ou conservatrices « modérées », laissant aux fidèles une assez grande place à l’interprétation biblique et ordonnant majoritairement des ministres femmes. Socialement engagées, elles sont assez partagées (mais majoritairement pour) sur l’avortement et les mariages homosexuels. Autrefois majoritaires au sein du protestantisme américain, elles regroupent aujourd’hui 14 à 15% de la population totale américaine (1/3 des protestants). Rarement hostiles à la franc-maçonnerie, le plus souvent indifférentes, leur déclin n’est sans doute pas totalement étranger à la chute des effectifs maçonniques. Les principales Eglises mainline sont l’United Methodist Church, l’Evangelical Lutheran Church in America, l’Episcopal Church (anglicane), la Presbyterian Church, USA (réformée), l’American Baptist Chrurches, USA, l’United Church of Christ (réformée), les Christian Churches, toutes ces dernières dites les Seven Sisters of American Protestantism, les Quakers, la Reformed Church in America, l’African Methodist Episcopal Zion Church et plusieurs petites Eglises et confessions.

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POUR MEMOIRE

POUR SE LE PROCURER : https://www.cepadues.com/livres/les-francs-macons-afrique-asie-9782364937673.html

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Une réflexion sur « LE DECLIN DE LA FRANC-MACONNERIE NORD-AMERICAINE EST-IL INELuCTABLE ? »

  1. Intéressant l’article sur le déclin de la FM aux états unis

    Philippe OLEJNIK

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